L’épilobe à feuilles étroites

par Carole Beauchesne

Chamaenerion angustifolium

Le spectacle des épilobes en fleurs à la fin de l’été est sans égal, en particulier au coucher du soleil! Ses colonies forment des taches de couleur magenta remarquable dans une grande variété d’habitats (champs abandonnés, clairières, dépotoirs, terrains récemment brûlés, coupes forestières, etc.). Au massif des falaises, on la trouve dans quelques milieux ouverts, en quantité plus modeste toutefois. Elle est présente d’un bout à l’autre du Canada et tout autour de la planète, dans la zone tempérée de l’hémisphère nord.

L’épilobe à feuilles étroites est une grande plante vivace qui peut parfois dépasser deux mètres de hauteur. Ses fleurs en grappes allongées ont la particularité de fleurir de bas en haut et durent environ deux jours. Mais, comme la tige s’allonge au fur et à mesure, de nouvelles fleurs en surgissent pendant tout l’été. Imaginez la quantité de graines qui en résulte : un épi bien fourni peut porter plusieurs centaines de capsules, chacune contenant en moyenne 450 graines minuscules. Emportées par le vent grâce à leurs soies, ces graines sont dispersées jusqu’à des centaines de kilomètres de distance. Leur vie est courte, elles germent généralement dès qu’elles ont trouvé un endroit adéquat. La plante se propage aussi abondamment par ses rhizomes; elle passe l’hiver sous cette forme et peut survivre à des incendies relativement intenses, d’où le nom anglais de « fire weed ».

Les qualités de cette plante ne sont pas qu’esthétiques! L’épilobe à feuilles étroites a des valeurs nutritives appréciées; au printemps, ses jeunes tiges tendres et savoureuses peuvent être consommées comme légume. Son nectar, récolté principalement par les bourdons est transformé en un miel doré, translucide et au parfum délicat. En Russie, ses feuilles sont encore utilisées de nos jours pour préparer un thé (le thé Kapori). L’aspect nutritif de la plante n’échappe pas non plus aux orignaux, caribous, rats musqués et lièvres qui s’en délectent. Les tamias mangent les graines tandis que les colibris, les papillons, les abeilles et bien d’autres insectes apprécient le nectar des fleurs.

Les soies des graines constituent un duvet doux, soyeux et aéré qui est utilisé par les oiseaux, les écureuils et d’autres petits mammifères pour tapisser leurs nids et leurs tanières. Elles sont également inflammables et constituaient autrefois un excellent allume-feu. La tige de l’épilobe étant très fibreuse, on en fait facilement du fil solide, des cordelettes et des cordes. Si on vous demande s’il y a un lien entre l’épilobe à feuilles étroites et les poissons, répondez que certaines tribus amérindiennes en confectionnaient des filets de pêche.

 

Fleurs magenta

Photo : Richard Pelletier

Ses fleurs en grappes allongées ont la particularité de fleurir de bas en haut.

Photo : Richard Pelletier

Le spectacle des épilobes en fleurs à la fin de l’été.

Photo : Richard Pelletier