Les verges d’or

par André Sabourin

 

Solidago sp.; Euthamia sp.

Les verges d’or forment un des groupes d’espèces de plantes le plus diversifié de nos milieux ouverts. On dénombre au moins sept espèces, dont certaines fréquentes. Ce sont des plantes herbacées vivaces et ramifiées vers le haut des tiges. Les feuilles sont alternes et plus ou moins dentées. Les inflorescences sont des panicules portant de nombreux capitules composés de fleurs jaunes, les unes en forme de tube et sans pétale et situées au centre, les autres munies d’une ligule ou rayon occupant le pourtour.

Trois espèces à floraison estivale-automnale sont relativement plus fréquentes que les autres sur notre territoire. Elles font partie de la famille du pissenlit, les Astéracées anciennement connues sous le nom de Composées. Les graines (akènes) munies d’aigrettes soyeuses en forme de parachute se propagent par le vent. Le nom du genre viendrait du latin solidum agere, pour ses propriétés à guérir les blessures.

 

La verge d’or haute (Solidago altissima var. altissima)

Comme son nom l’indique, il s’agit d’une grande plante, la plus grande de nos verges d’or ; elle peut atteindre deux mètres de hauteur. Elle se caractérise aussi par sa pubescence dense, mais relativement courte, autant sur la tige que sur les feuilles. Il n’y a pas de feuilles à la base des tiges, mais les feuilles caulinaires sont nombreuses, lancéolées, sessiles, un peu dentées ou entières et à trois nervures.

L’inflorescence est une panicule à plusieurs rameaux latéraux recourbés et d’inégales longueurs, formant un genre de pyramide. Les capitules mesurent de 3 à 4,5 mm et sont plutôt longs comparativement à ceux de plusieurs autres espèces. C’est la verge d’or la plus abondante de la région et elle domine souvent dans les champs abandonnés et les friches.

 

Photo : Richard Pelletier

Photo : Richard Pelletier

Feuilles peu dentées

Photo : Richard Pelletier

Photo : Richard Pelletier

La verge d’or du Canada (Solidago canadensis var. canadensis)

Cette verge d’or est plus petite que la précédente et, bien qu’elle puisse atteindre 1,5 m de hauteur, elle est généralement plus courte. Les tiges sont glabres vers la base et pubescentes à partir du milieu vers le haut. Également sans feuilles basilaires, ses nombreuses feuilles caulinaires acuminées sont plus ou moins pubescentes, surtout sur les nervures du dessous ; elles sont lancéolées, dentées et à trois nervures.

L’inflorescence de forme pyramidale est paniculée à rameaux recourbés. Les capitules sont très nombreux, typiquement unilatéraux (sur un seul côté des rameaux) et parmi les plus petits chez les verges d’or, mesurant 2 à 3 mm. Elle fréquente aussi les champs abandonnés, de même que les milieux perturbés comme les bords de sentiers.

 

Photo : Richard Pelletier

Photo : Richard Pelletier

Feuilles nettement dentées

Photo : Richard Pelletier

Une importante source de nectar

Photo : Richard Pelletier

Les fleurs transformées en akènes avec leurs aigrettes

Photo : Richard Pelletier

La verge d’or rugueuse (Solidago rugosa subsp. rugosa var. rugosa)

La tige et les feuilles de la verge d’or rugueuse sont couvertes d’une longue pubescence dense, les rendant un peu rugueuses au toucher. C’est une grande plante herbacée qui peut dépasser 1,5 m de hauteur. Sans feuilles basilaires, elle porte des feuilles caulinaires relativement larges, elliptiques à ovées, nettement dentées et penninervées contrairement aux feuilles trinervées des autres espèces.

L’inflorescence est une grande panicule ouverte et largement étalée avec de longs rameaux divergents et recourbés. Les capitules mesurent de 2 à 4 mm de long. Sa floraison peut être tardive et se développer jusqu’en novembre ; c’est en fait la dernière de nos verges d’or à fleurir en bordure des sentiers et en milieux perturbés.

 

Photo : Richard Pelletier

Feuilles larges et velues; tige densément poilue

Photo : Richard Pelletier

Coléoptère

Photo : Richard Pelletier

Autres espèces de verges d’or de milieux ouverts

On trouve quatre autres espèces de verges d’or de milieux ouverts sur le territoire du massif. La plus remarquable est la verge d’or à feuilles de graminée (Euthamia graminifolia) qui se démarque par son inflorescence en corymbe aplati ; elle se trouve en milieux humides riverains ou sur des sites perturbés. La verge d’or jonciforme (Solidago juncea) occupe plutôt des parois et des talus d’éboulis d’escarpement ; elle est glabre et porte des feuilles basilaires en rosette. La verge d’or des bois (Solidago nemoralis subsp. nemoralis) porte aussi des feuilles basilaires grisâtres et densément pubescentes ; on ne la trouve pas en forêt, mais plutôt en terrain sec et sablonneux. La verge d’or squarreuse (Solidago squarrosa) peut se trouver en bordure des sentiers et en milieux perturbés ; elle se remarque par ses capitules dont les bractées involucrales sont nettement recourbées ou squarreuses.

 

Capitules formant un corymbe; feuilles très étroites

Photo : Richard Pelletier

Tige pubescente; feuilles étroites; plante basse

Photo : Richard Pelletier