La sphaigne hérissée

par Carole Beauchesne

Sphagnum squarrosum

Une sphaigne… hérissée

Les sphaignes sont des bryophytes (des mousses), abondamment réparties sur toute la planète. On les associe principalement aux tourbières, où elles produisent la tourbe. Mais elles poussent aussi bien dans d’autres milieux humides, par exemple dans les sous-bois des forêts de conifères.

On compte au Québec un peu plus de 40 espèces de sphaignes. Pour la plupart des gens, elles se ressemblent toutes! Et effectivement, il faut posséder une bonne connaissance de ces plantes, et avoir recours au microscope et aux colorants pour les identifier. Cependant, la sphaigne hérissée sort du lot grâce à son apparence unique.  Au massif des falaises, elle pousse dans l’ombre d’une cédrière humide. En la voyant, vous saurez que c’est elle. Il s’agit d’une plante robuste, qui mesure entre 8 et 20 cm, formant un tapis plutôt lâche et dont les feuilles, placées à angle droit sur la tige, offrent une apparence hérissée reconnaissable entre toutes!

Les sphaignes produisent des spores dans une capsule fermée par un opercule. Lorsque la capsule est mature, la chaleur du soleil crée une pression à l’intérieur qui la fait éclater et libérer ses spores. Une bryologue américaine, Robin Wall Kimmerer, raconte que par une belle journée d’été, elle s’est arrêtée au milieu d’une tourbière pour écouter attentivement les sons qui l’enveloppaient. À sa grande surprise, elle a constaté qu’elle entendait le bruit des capsules de sphaignes qui explosaient! Peut-il y avoir plus petit son discernable sur terre que le minuscule « pop » produit par un opercule qui se détache d’une capsule d’à peine 1 mm?

Photo : Carole Beauchesne