Funaire charbonnière

Funaria hygrometrica

Une mousse friande de charbon

Combien de fois avez-vous enjambé la funaire charbonnière sans la voir, en parcourant un sentier? À plusieurs reprises sans doute, car cette mousse apprécie les sols minéraux (riches en azote) des milieux perturbés, comme les sentiers justement, mais aussi les fossés, les sablières, le mortier des édifices, les murs de roches, les voies ferrées, etc. Elle est très attirée également par les sites incendiés et les feux de camp abandonnés, ce qui lui vaut son nom français.

Pour la reconnaître, observez sa capsule mature caractéristique en forme de poire asymétrique. Et voyez aussi comment elle réagit à l’eau! Ses longues soies (2 à 7 cm) sont tordues lorsque sèches, mais se redressent rapidement lorsqu’elles sont exposées à l’humidité, ce qui fait tournoyer les capsules, mouvement qui faciliterait la libération des spores. Son nom anglais « Water Measuring Cord Moss » fait allusion à cette réactivité à l’humidité.  

La funaire charbonnière forme des colonies denses présentant une jolie cascade de grandes capsules, dressées ou courbées. Les feuilles (2 à 4 mm) se regroupent en rosettes (3 à 10 mm) qui portent de longues et gracieuses soies (3 à 5 cm), dont la couleur varie de vert pâle à jaune orangé, selon leur degré de maturité. Les jeunes capsules portent des coiffes munies d’un long bec. Les spores sont toutes petites (12 à 20 µm) et de couleur jaune. Très représentative des mousses en général, la funaire charbonnière est souvent utilisée pour illustrer leur cycle de vie dans les livres de botanique. Sur un point par contre, elle diffère de la majorité des mousses : les deux rangées de dents qui entourent l’ouverture de sa capsule se font face, plutôt que d’être placées en alternance.

Au Québec, nous n’avons que la funaire charbonnière pour représenter le genre Funaria, mais il en existe 80 espèces dans le monde. L’Antarctique est en fait le seul endroit où on peut être assuré de ne pas en trouver!