La sarracénie pourpre

par Richard Pelletier

Sarracenia purpurea subsp. purpurea

Voilà une plante qui, à coup sûr, suscite l’admiration et la curiosité. L’observation d’une sarracénie pourpre parmi les sphaignes dans le parterre dense d’une tourbière est toujours une source d’émerveillement, et ce, à juste titre puisqu’il s’agit d’une plante carnivore. Ses feuilles vertes en forme de cornets dressés, dont la veinure pourpre rappelle des vaisseaux sanguins, constituent le piège à insectes. La surface interne du cornet est en effet recouverte de poils blancs et raides dirigés vers le bas. L’insecte, attiré par cet abri ou par l’eau de pluie accumulée au fond du cornet, se voit incapable de remonter jusqu’à l’ouverture. Épuisé après des efforts répétés, l’insecte finit par se noyer. Commence alors la diastase, c’est-à-dire la digestion par les enzymes sécrétées par la feuille. Ce mode d’alimentation, insolite pour une plante, compense ses besoins dans un milieu acide, pauvre en nutriments. Fait étonnant : certains acariens et larves aquatiques peuvent vivre dans ce milieu inhospitalier.

Si l’observation des feuilles disposées en rosette a de quoi surprendre, que dire de l’étonnement lorsqu’au début de l’été, la fleur solitaire se dresse, tel un petit lampadaire rouge foncé courbé vers le sol, au sommet d’une longue hampe (30 à 60 cm)! Dans sa Flore laurentienne, le frère Marie-Victorin considère cette espèce comme « la plus extraordinaire plante de notre flore, et le principal ornement de nos tourbières. » Elle a été désignée comme l’emblème floral de la province de Terre-Neuve.

Photo : Diane Barriault

Photo : Diane Barriault