La lenticule mineure

par Richard Pelletier

Lemna minor

Le randonneur néophyte qui aperçoit sur un plan d’eau calme une grande surface complètement recouverte par cette espèce pourrait penser qu’il s’agit d’une invasion « d’algues ». Il n’en est rien. Ce tapis superficiel d’un vert tendre est le résultat de l’incroyable capacité que possède la lenticule mineure à se reproduire de façon végétative. Cette minuscule plante flottante, qui prolifère dans presque toutes les parties du monde, possède pour cette raison de nombreux noms vernaculaires : lentille d’eau, grains de grenouille, merde de grenouille, herbe aux canards, nentille, ranouillie, venin de crapaud, canée ou duckweed, pour ne nommer que ceux-ci.

La lenticule n’a ni tige, ni feuilles, mais est formée d’une lame de tissus moins spécialisés formant le thalle, lequel assure les fonctions chlorophylliennes. Regroupés généralement par trois ou quatre, chaque thalle flottant, en forme d’œuf, est muni d’une seule racine de longueur variable qui pend sous la surface sans se fixer au substrat. La fleur microscopique est rarement produite. La lenticule se reproduit plutôt par bourgeonnement, les nouveaux thalles se séparant rapidement de la plante mère. Fait curieux, la lenticule est une plante hibernante. Lorsqu’arrivent les temps froids d’automne, les flotteurs naturels de la plante se contractent, la faisant couler au fond de l’eau. Au moment du réchauffement printanier, les plantes survivantes et leurs bourgeons refont surface pour entamer une nouvelle saison. La lenticule constitue une importante source de nourriture pour plusieurs espèces d’oiseaux d’eau, principalement les canards.

Photo : Richard Pelletier

Surface de l’étang entièrement couverte de lenticules

Photo : Richard Pelletier